Je t'aime, Bonobo (dixit M)

Ce même dimanche, nous avons été invités pour partager un « humble » repas chez un responsable import/export, un ami d'enfance du père Roger, dans le quartier chic de Kin... Belle maison et belle table bien garnie avec de nombreux produits étrangers, la vrai classe... Un luxe qui choque lorsque l'on sait les conditions de vie de la plupart des autres congolais...Mais c'est ça aussi Kinshasa: des inégalités flagrantes...
C'est avec cette famille et Judex, un autre ami du père Roger, que nous sommes partis voir les Bonobos.
Petit aparté sur Judex avec qui nous étions en voiture: c'est un jeune congolais très débrouillard et très dynamique, comme il y en a beaucoup au Congo, qui a fait des études d''agronomie et mais qui vit aujourd'hui de l'informatique: il a ouvert un cybercafé, a monté une antenne Internet et propose ses services de connexion à des particuliers et notamment, au père Roger pour l'université d'Isiro.

En voiture avec lui nous avons appris beaucoup de chosesJustifier sur le Congo, notamment sur la manière de se comporter avec les étudiants que nous aurons à Isiro. Après une demi-heure de route à travers la campagne de Kinshasa nous sommes arrivés au « paradis des Bonobos ». Les Bonobos, ce seraient les singes les plus proches du genre humain, capables notamment de regarder la télévision, se laver les pieds avec un chiffon ou boire à la bouteille d'eau. Physiquement, ils ressemblent beaucoup aux chimpanzés mais avec le visage noir et adultes, ils sont beaucoup plus grands. Ils sont aujourd'hui en voie d'extinction (du fait de la réputation qu'a leur viande de donner des bébés forts et costauds!), c'est pourquoi un parc a ouvert pour préserver les jeunes Bonobos orphelins. Ils les protègent pendant quelques années et les relâchent ensuite dans leur milieu naturel.
Nous avons fait le tour du parc pendant une petite heure pour découvrir différents groupes de Bonobos. Ils aiment visiblement bien s'amuser, faire des blagues voire des grimaces, ils sont tout le temps en train de se chamailler. Sur la fin du parcours, un adulte nous a suivi (il devait bien aimer notre compagnie) il courrait à fond avec une bouteille d'eau écrasée qu'il posait sur le sol pour faire glisser ses mains. On a ainsi compris que c'était les Bonobos qui avaient inventé le jet-ski... Et tout les 100 mètres il attendait qu'on le dépasse pour recommencer son cinéma. Il nous a bien fait rire avec son air tout fatigué lors de ses pauses. Dans ce parc les singes ont l'air bien traité et de bien s'amuser, sur les 10 000 qu'il reste de l'espèce, c'est toujours 100 singes de protégés.

A l'entrée du parc il y a une plage qui donne sur une petite cascade, ou nous avons bu un pot tranquillement dans ce paysage bucolique. Le soir arrivant nous sommes reparti avec Judex, et nous en avons profité pour acheter sur le bord de la route des mangoustos (ou mangoustains, on est pas sûr) c'est un fruit spécifique que l'on ne trouve qu'au sud de Kinshasa et très bon. Ensuite nous avons bien profité des célèbres bouchons kinois. Tous ce passait bien jusqu'à ce qu'une voiture nous double par la droite (c'est à dire par le trottoir en France) mais au moment de se rabattre ce taxi tout cabossé a frotté contre notre véhicule, et le chauffeur s'arrête devant nous et se met à applaudir... Etrangement notre chauffeur ne lui dit rien... Il nous dit juste : « de toutes façon il n'a pas d'argent pour réparer ». Judex descend pour regarder les dégâts, le taxi en profite pour s'enfuir rapidement.
Après lui avoir fait part de nos réflexions, Judex nous explique qu'en fait, au Congo on applaudit pour demander pardon... Moi qui pensait qu'il voulait nous engueuler alors que nous étions à l'arrêt... Interculturalité, interculturalité...

Nous sommes alors rentrés préparer nos bagages car nous partons le lendemain à 5H du matin pour prendre un vol de la MONUC (Mission de l'Organisation des Nations Unies au Congo) jusque Kisangani.