L'Afrique en plein coeur

La ferme de l'Université est divisée en plusieurs sites: il y a d'abord un terrain où se situe les champs et la bananeraie, appelé Gossamu; puis, un élevage de bœufs et de brebis à une dizaine de km de l'Université et un poulailler avec une centaine de poules.

Après quelques mois d'observations, j'ai enfin pu mettre la main à la pâte ou plus exactement, les mains dans la terre...Avec les ouvriers agricoles et les étudiants, nous avons défriché environ un hectare près d'un cours d'eau à Gossamu et petit à petit nous avons réalisé des plate-bandes pour le maraichage ainsi que des casiers rizicoles.

Pendant le défrichement, il a fallu faire attention à ne pas enlever les bananiers plantés par les paysans du coin et les raffias (source de vin local très apprécié)...Ainsi, bien que le terrain ait été acheté par l'Université, les paysans locaux de le reconnaisse pas; pour eux, si l'arbre était là avant l'achat, il leur appartient encore aujourd'hui. Malgré des pourparlers importants avec le chef des paysans (le chef coutumier), ils ne veulent rien entendre: le droit coutumier prime sur celui de l'Etat.

Grâce à quelques semences Kokopelli que l'on nous a envoyé de France, nous avons planté des petis légumes qu'ils ont encore peu vus: des grosses tomates (ici, ils ont que des tomates cerises), des laitues, du panais et bientôt, des courges de toutes sortes... Mais pour la rentabilité de notre affaire, nous avons réservé la plus grande partie des plate-bandes aux légumes locaux: l'amaranthe et une sorte d'épinards.

C'est pas sans fierté que je leur ai fait découvrir des semences biologiques (complétement inexistantes ici: les seules semences qu'on trouve, à la FAO ou dans les boutiques, sont traitées) et les moyens biologiques de lutte contre les insectes ou maladies.

C'est ainsi que j'ai réalisé pour la première fois une décoction d'ail et que bientôt je vais réaliser ma première bouillie bordelaise faite maison (chose interdite en France! Chez nous, il est en effet obligatoire de l'acheter dans le commerce!);

Ici, tout est à faire, tant du point de vue agricole (la forêt est maîtresse encore partout, de nombreuses possibilités s'offrent) que humain (la gestion du personnel ouvrier est très chaotique). C'est un vrai défi que j'espère pouvoir relever avec les membres de la faculté d'agronomie, petit à petit...