L'Afrique en plein coeur

Ce week-end, l'ONG locale ReGeD nous emmène voir un de leur projet sur place. Le projet est une école pour la population pygmées directement dans la forêt au plus près de la population. Ça se situe à une vingtaine de kilomètre d'Isiro, et donc on se donne rendez-vous à 8h du matin pour partir en 4x4. Vers 9H précises la voiture arrive avec déjà 6 personnes dedans... Mais comme c'est un pick-up, tout le monde se tasse à l'arrière. Donc c'est parti pour 20 km de montagne russe, la route est de la même largeur que la voiture... Le chauffeur se débrouille bien mais on sent qu'il a envie de nous impressionner, devant des passages délicats, il s'arrête, met les vitesses lentes, nous dit de s'accrocher, et fonce à toute vapeur, et la plupart du temps ça passe... sauf une fois à quelques kilomètres de la destination, où la voiture reste embourbée alors tout le monde essaie de pousser, de creuser... Nous finissons le chemin à pied pendant que les autres sortent la voiture de l'ornière. Au final nous sommes arrivés en même temps que la voiture (ou presque, au village qui se trouvait à 2 ou 3 km de l'endroit où la voiture était bloquée)

A l'arrivée dans la clairière, la première chose que l'on voit c'est les paillotes qui servent de classe pour les enfants. Nous avançons jusqu'au bout et alors on commence à nous présenter à tout le monde. On nous installe dans la paillote du chef, aux places d'honneur, et le gong raisonne pour signaler un rassemblement de toute l'école en rang dans la cours. C'est assez impressionnant d'avoir 150 élèves qui vous regardent fixement. Le coordinateur de l'ONG (Jean-Louis) celui qui nous a invité à venir ici, fait un long discourt sur les actions prochaines et nous présente aux élèves. Ces élèves sont pour la plupart Pygmées mais ils y a aussi des Bantous (non-pygmées) Ce mélange, assez rare, est la preuve d'une vraie réussite car les Pygmées sont victimes d'une forte ségrégation un peu partout, et souvent les enfants sont les premiers à se moquer. De plus, les professeurs font eux-aussi preuve de discrimination dans les classes. Mais ici, les Bantous vivent sur-place, avec les Pygmées qui ont bien voulu se sédentariser. Le but serait de pouvoir former des professeurs Pygmées. Comme cela les professeurs pourraient suivre les Pygmées dans les déplacements dans la forêt.

Les élèves retournent dans leur classe ainsi nous pouvons les voir travailler un peu, quand ils nous voient s'approcher, ils se mettent à chanter. Une fois le petit tour des classes terminé, nous nous enfonçons dans la forêt pour aller jusqu'aux habitations. Le chef du village part rapidement devant, il va prévenir les siens de notre arrivée. Nous arrivons d'abord à la maison du chef, et nous les voyons entrain d'ajuster leurs vêtements fraichement mis (normalement ils ne portent que des cache-sexes). Nous continuons notre route vers le village et nous entendons les tamtams qui préviennent le village que des étrangers arrivent, la maison du chef sert de réception...

Une fois arrivés au village, on nous fait s'assoir dans la paillote centrale et alors devant commence à s'improviser une fête avec les gens qui sont là (hé oui, c'est la période de cueillette des champignons qui est la principale rentrée d'argent des Pygmées, la plupart sont donc au boulot) un groupe de musique se créé, avec un morceau de bambou on fait une flute à une note, et à 5 ou 6 flutes on peut faire des mélodies... ainsi va la musique, un petit cercle se créé, les gens dansent et/ou jouent de la musique.

Les instruments arrivent avec les renforts et au bout de 10 minutes on se retrouve avec 2 percussions portatives et 7 flutes. Lorsque l'on se met en route pour le retour vers l'école, la musique nous accompagne dans la forêt. C'est génial une balade en forêt équatoriale accompagné d'une fanfare tropicale...

On nous invite à manger dans une hutte avec les responsables de l'ONG. Riz, œufs cuit dur et du poisson à la carte. Le poisson est savoureux. À peine sortis du repas, ils nous offrent des cadeaux : plein de bananes, des œufs... tout ça parce qu'on leur a fait l'honneur de leur rendre visite...

Ainsi nous sommes repartis pour le rodéo de retour la tête encore très loin dans la forêt.