Le droit à l'erreur
Dans la formation à l'interculturalité que nous avions eu avant de partir, on nous avait expliqués, que la notion d'innovation, de création, de prévision n'était possible que dans une société sécurisée, c'est à dire qui n'avait pas à se soucier du lendemain en ce qui concerne la nourriture, la santé, l'emploi... Chez nous, la nourriture a bas-prix, la sécurité sociale, les assurances et les CDI ont permis de construire une société sécurisée (même si il faut toujours se battre pour sauvegarder certains acquis), qui a donc innové, qui a créé et qui s'est développée. Ici, la sécurité n'existe pas. Toute prise de risque (dans la création d'une entreprise par exemple) est un « danger de mort ». Ils préfèrent copier le mode de vie de celui qui a vécu longtemps, c'est à dire celui de leur ancêtre...Clair MICHALON, agronome du développement et formateur à l'interculturalité, résume très bien cette différence entre les sociétés précaires et les sociétés sécurisées, par ce qu'il appelle le « droit à l'erreur ». En occident, nous avons un certain droit à l'erreur qui n'existe pas ici.
Cette grille de lecture nous permet de trouver une explication à beaucoup de choses qui nous choquent ici. Ainsi, lorsque nous nous demandons:
- pourquoi est-ce qu'ils n'innovent ou n'entreprennent rien, c'est parce qu'ils courent un risque à le faire et n'ont aucune garantie derrière.
- pourquoi est-ce qu'ils font tant d'enfants, c'est parce que ces enfants sont leur assurance vieillesse (les enfants s'occuperont d'eux quand ils seront vieux)
- pourquoi est-ce qu'ils volent sans aucun scrupule les biens des institutions dans lesquelles ils travaillent, c'est parce que pour eux ces structures ne représentent pas une personne en particulier donc ils n'ont donc pas l'impression de voler quelqu'un. Ou alors, si un des membres de sa famille dirige une entreprise, la famille de ce dirigeant considérera que tout ce qui appartient à l'entreprise (argent, voitures...) appartient à la famille.
- pourquoi est-ce que les personnes devant réparer ou entretenir les machines de l'Université ne le font pas, c'est parce que pour eux ces machines appartiennent à une personne morale (au sens juridique du terme) qui pour eux ne représente rien car ils ne peuvent pas mettre de visage derrière.
Le fonctionnement d'une telle société donne un grand pouvoir à la famille, au clan, à la hiérarchie, à l'apparence... Pour plus de précision, n'hésitez pas à vous procurer le livre « Différences culturelles, mode d'emploi » de Clair MICHALON.
Anne
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