L'Afrique en plein coeur

On pensait qu'ils arriveraient par la route, avec leurs tracteurs et leurs tracto-pelles, mais c'était méconnaître et sous-estimer leur volonté première: faire du commerce au Congo. C'est ainsi qu'un groupe de chinois vient d'ouvrir un magasin dans la principale rue commerçante d'Isiro; et que depuis, tout le monde en parle et ne rêve que d'une chose: pouvoir rentrer dans leur boutique. Car, bien sûr, les prix y sont dérisoires: plus de deux fois moins cher en moyenne par rapport aux autres commerces (une "mama" peut s'acheter 3 paires de chaussures pour le prix d'une, et deux pagnes pour le prix d'un...). Un exploit qui s'explique par le fait que les autres commerçants font venir leur marchandise de Kinshasa, à plus de 2000 km d'Isiro, alors qu'eux la font venir de Kampala, à moins de 800 km. Moins d'intermédiaires, moins de kilomètres, le tour est joué.

Etant donné ces prix bien bas (et la qualité de marchandise similaire, car les commerçants d'Isiro vendent eux aussi que des trucs chinois), tout le monde veut venir y faire des achats. Ce qui fait que dans la rue, où habituellement les gens sont répartis plutôt uniformément, il y a depuis l'ouverture du magasin, qu'un seul tas de gens groupés et serrés devant l'entrée du magasin chinois, joliment appelé "Ent. CHINE-CONGO".

Devant cet afflux, les chinois ont mis en place une technique: ils font entrer les gens par groupe de 3-4, puis referment les portes. Mais attention, seules les personnes ayant au moins 5000 F (soit près de 6 euros) peuvent entrer: ils n'ont en effet que faire des simples curieux, business is business.