Ah Afrique, apprend nous...

Hier, Elisabeth et moi sommes allées rendre visite à une des religieuses du couvent, Sr Françoise, en vacances dans sa famille. On n'a pas été bien loin: à Isiro même, mais dans les profondeurs des quartiers pauvres de la ville. Nous avons enfilé les rues de terre, passé les maisons les unes après les autres sous le regard intrigué des enfants et habitants: mais que peuvent faire ici deux mondeles (et non pas mundele, comme on le pensait au début!)? En plus, nous savions très bien où nous allions (ou plutôt Elisabeth savait très bien car elle vient régulièrement rendre visite à Sr Françoise, qu'elle appelle "petite soeur") et nous marchions donc d'un pas déterminé. Quelle ne fut pas notre surprise, en arrivant dans la "parcelle" de la famille de Sr Françoise, de voir combien ils avaient préparé notre arrivée: les quelques chaises en plastique de la maison avaient été réunies dans une petite pièce (comme l'orage menacé, nous n'avons pas pu rester dans la cour) autour d'une petite table recouverte d'une jolie nappe brodée par Françoise; les 3 verres en verre et assiettes en plastique, seuls ustensiles de la maison avaient été posés sur la table, deux bouteilles de jus d'ananas avaient été concoctéés pour l'occasion et surtout, un grand plat de viande et de pommes de terre frites tronait au milieu de cette petite table...Et là, déjà je me dis "eh ben, ils ont dû en dépenser de l'argent pour ce repas (les ananas sont en effet les fruits les plus chers ici et la viande,..., un vrai plat de luxe...). Je demande alors, combien de personnes vivent ici; après un décompte, Sr Françoise me dit qu'il y a 7 enfants, ces neveux et nièces dont tous les parents sont morts (les maladies ici, vont des ravages); sa soeur ainée et sa maman: soit 10 personnes avec elle. En regardant autour de moi, je me demande comment est-ce qu'ils peuvent bien loger tous ici, mais vite je me dis que ce n'est pas un problème: ils étalent des nattes par terre pour les enfants qui dorment les uns contre les autres. Une question me turlupine encore:

- qui est-ce qui travaille pour ramener de l'argent ici?

- personne. Ou plutôt, ma soeur fait des ventes de petites choses comme des beignets et les enfants le week-end vont travailler au champ pour avoir un peu d'argent.

-mais arrivez-vous à nourrir 10 personnes tous les jours avec ce peu là?

-pas tous les jours, y'a des jours où nous ne mangeons pas. Mais nous sommes habitués, ce n'est pas grave pour nous, la journée se passe quand même joyeusement!

-...

Je fais un rapide calcul, avec l'argent utilisé pour la viande et les pommes de terre (venant par avion et qui sont donc très chères), elle aurait pu faire manger toute sa famille, avec du riz et du manioc, pendant une semaine ...
L'accueil de l'étranger, à n'importe quel prix...Ca fait chaud au coeur.