Mundele (blanc), donne-moi de l’argent…
Des petits enfants aux adultes, des femmes croisées dans les rues à nos collègues de l’Université, il n’y a pas un jour sans que quelqu’un nous demande de l’argent. Pour les enfants, surtout ceux qui vont à l’école, c’est presque machinal : en même temps qu’ils nous croisent dans la rue, ils nous disent « Mundele, donne-moi de l’argent ». Souvent, on prend le parti d’en rire, comme ici le rire fait parti de toute forme de communication, et nous leur disons, « eh ! quel argent ? Et pourquoi je te donnerai de l’argent ? Tu me donnes quoi en échange ? », et ça passe : ils se mettent eux-mêmes à rigoler et on peut passer notre chemin! La plupart du temps, les gens tentent le coup mais n’espèrent pas vraiment réussir à obtenir quoi que ce soit. Pour nos collègues de l’Université c’est autre chose…Là il nous faut rentrer dans davantage d’explications. Nous leur disons par exemple que l’on a ici seulement l’argent de notre salaire de professeur, 100 €, le même qu’eux, et que donc pour tenir un mois, voir deux le temps de recevoir la nouvelle paie, on a besoin de cet argent. Enfin, nos justifications ne tiennent pas toujours debout car on pourrait faire venir de l’argent de France, mais on leur explique que nous sommes là pour travailler avec eux, pour leur donner des idées sur certains de leurs problèmes et que l’on préfère les aider à entreprendre quelque chose que donner simplement... Mais c’est plus difficile de trouver un motif de refus lorsqu’il s’agit d’une question de santé : « ma femme est à l’hôpital, j’ai besoin de 5000 francs (5 € environ) pour acheter le médicament contre la typhoïde… » ou encore, quelqu’un qui nous montre une blessure au pied vraiment pas belle et qui nous dit « j’ai besoin de 2000 francs pour payer la consultation du médecin »…Dans ces cas là, on essaye de leur acheter ce qu’ils vendent ou de les faire travailler dans notre jardin contre une petite rémunération…
A force, c’est une situation un peu pesante, mais il faut qu’on le prenne avec philosophie, car on n’a pas fini d’entendre cette phrase « Mundele, donne-moi de l’argent ». Ce qui nous « console » un peu c’est que les gens riches ici sont sollicités de la même manière que nous (c'est donc pas seulement parcequ'on est blanc!) et que ces demandes d’argent entrainent parfois des conversations intéressantes, qui nous permettent d’en apprendre beaucoup sur leur vie quotidienne…
Enregistrer un commentaire